La Constitution Sacrosanctum Concilium, adoptée par le concile Vatican II le 4
décembre 1963 à la presque unanimité (2147 voix contre 4), avait pour but de
veiller « à la restauration et au progrès de la liturgie[1]. »
Dès le 13 janvier 1964, Paul VI allait sans plus tarder confier la mise en
œuvre de la réforme à un organisme connu depuis par le premier mot de son
titre, le « Consilium ». Celui-ci allait s’organiser en une
quarantaine de groupes de travail, qui n’allaient pas chômer : il ne se
passerait pas plus de cinq ans avant que soient publiés le nouveau calendrier
général et le nouveau Missel romain.
La communication qui m’a été
demandée porte sur les fêtes mariales aujourd’hui : continuité et
développement. Mais auparavant, je dois dire que les fêtes mariales ne
constituent pas, loin de là, toutes les formes du culte marial. Rien qu’à
parcourir le Missel actuel, il faudrait parler des messes du Commun de la
Vierge Marie, nombreuses et variées, il faudrait plus encore inventorier la
place de la Vierge Marie dans la célébration des mystères du Seigneur, auxquels
elle est associée d’une manière unique. Ce que l’Église célèbre dans sa
liturgie, ce sont les mystères de la Rédemption :
Elle
déploie tout le mystère du Christ pendant le cycle de l’année, de l’Incarnation
et la Nativité jusqu’à l’Ascension, jusqu’au jour de la Pentecôte, et jusqu’à l’attente
de la bienheureuse espérance et de l’avènement du Seigneur.
Mais
la Constitution a soin d’ajouter aussitôt :
En
célébrant ce cycle annuel des mystères du Christ, la sainte Église vénère avec
un particulier amour la bienheureuse Marie, mère de Dieu, qui est unie à son
Fils dans l’œuvre salutaire par un lien indissoluble[2].
Avant même l’établissement d’une
fête mariale, le canon de la messe romaine nommait en tête de la phalange des
saints « en premier lieu la bienheureuse Marie toujours Vierge, Mère de
notre Dieu et Seigneur, Jésus Christ » : au cœur de l’action
eucharistique, elle avait la première place. Je laisse à d’autres le soin d’exposer
la place que tient la Vierge Marie dans la liturgie de l’Église au temps des
annonces et à celui de la Nativité en particulier. Je me contenterai, pour ma
part, des fêtes mariales, en recherchant en quoi elles manifestent la
restauration et le progrès de la liturgie, demandés par le Concile, et cela en
trois domaines : premièrement, le calendrier ; deuxièmement, le
formulaire des messes ; troisièmement, le lectionnaire.
Le calendrier constitue la base de l’organisation
du Missel. Les principes de révision se trouvent dans Sacrosanctum Concilium au chapitre V,
« L’année liturgique[3] ».
Le groupe de travail, le premier de tous, n’élabora pas moins de dix-sept
schémas, entre février 1965 et décembre 1967. Il avait à sa disposition un
important dossier de la commission établie par Pie XII, intitulé Memoria sulla riforma liturgica, auquel
s’ajoutèrent quatre suppléments, soit au total 788 pages. Dossier plus
exhaustif que critique, plus dévotionnel que traditionnel. La seule page 121 du
Dictionnaire des fêtes énumère : Notre-Dame de Fatima, une fête mariale
mensuelle, Notre-Dame de Guadalupe, Maria
Hodigitria, la Médaille miraculeuse, le Cœur immaculé de Marie, Notre-Dame
de Lourdes, Marie Mère du Bon Conseil, et tout à l’avenant. Quelle base allait
prendre le groupe de travail ? Le calendrier du Missel de saint Pie
V ? Il contenait seulement sept fêtes : la Purification, l’Annonciation,
la Visitation, la Dédicace de Sainte-Marie-aux-Neiges, l’Assomption, la
Nativité, la Conception. Ou bien le calendrier d’avant le Concile, celui réglé
par le Code des Rubriques de 1960 ? En l’espace de moins de quatre
siècles, le nombre des fêtes mariales a plus que doublé, et à une vitesse de
plus en plus grande : une au xvie
siècle, deux au xviie,
trois au xviiie, une au
xixe, cinq au xxe. Pragmatiquement, la base
de départ retenue fut celle du dernier calendrier publié, en 1962 : il
comprenait trois fêtes de 1ère classe (Annonciation, Assomption,
Immaculée Conception), neuf fêtes de 2e classe (Sainte Famille,
Purification, Marie Reine, Visitation, Cœur Immaculé, Nativité, Sept Douleurs
de septembre, Rosaire, Maternité), quatre fêtes de 3e classe
(Notre-Dame de Lourdes, Dédicace de Sainte-Marie-aux-Neiges, Saint Nom de
Marie, Présentation de Marie) et trois commémoraisons (les Sept Douleurs au
temps de la Passion, Notre-Dame du Mont Carmel, Notre-Dame de la Merci). Au
total dix-neuf célébrations d’inégale importance.
Le résultat des travaux de révision
n’a pas été un bouleversement, ni un retour en arrière excessif : la fête
de la Maternité a été remplacée par la solennité de Sainte Marie, Mère de
Dieu ; celle du Saint Nom de Marie, établie en 1684, en souvenir de la
victoire sur les Turcs à Vienne l’année précédente, a été estimée un simple
doublet du 8 septembre ; la fête de Notre-Dame de la Merci, inscrite au
calendrier en 1696, est laissée à l’Ordre de la Merci. Mais il faut prendre
garde qu’un rééquilibrage s’est produit au bénéfice des fêtes en rapport plus
direct avec les mystères du Christ : trois de ces fêtes sont devenues, ou
redevenues, des fêtes du Seigneur, cinq ont vu leur titre modifié, cinq ont
changé da date. Il reste trois solennités (1er janvier, 15 août, 8
décembre), deux fêtes (31 mai, 8 septembre), quatre mémoires obligatoires et
quatre mémoires facultatives.
Plutôt que de suivre l’ordre du
calendrier, je présenterai les fêtes selon leur ordre de préséance. Et d’abord
trois fêtes du Seigneur : la Présentation au Temple, l’Annonciation et la
fête moderne de la Sainte Famille.
La fête du 2 février, la
Présentation du Seigneur, fait partie de quatre fêtes venues d’Orient dans la
seconde partie du viie
siècle, en vagues successives, mais rapprochées. À la fin de ce siècle, le pape
Serge Ier (687-701), d’origine syrienne, décide de faire précéder la
messe de ces quatre fêtes par une
procession qui, partant de l’église Saint-Adrien au Forum, se dirigerait vers
Sainte-Marie Majeure. L’alliage procession et basilique Sainte-Marie ne pouvait
manquer de donner un caractère marial à ces fêtes, au point qu’au Moyen Âge en
France on les appelait les quatre Notre-Dame. Cependant, le Liber Pontificalis qui rapporte la
décision du pape, distingue bien chacune des fêtes : « Il établit qu’aux
jours de l’Annonciation du Seigneur, de la Dormition et de la Nativité de la
Sainte Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, et de la Saint-Siméon, que les
Grecs appellent Ypapantè, la litanie
sortirait de Saint-Adrien et que le peuple se rendrait à Sainte-Marie[4]. »
Il s’agit bien, pour la dernière de ces fêtes, l’Ypapantè (Rencontre), de la fête de la Présentation de Jésus au
Temple. Cette fête se célébrait à Jérusalem le quarantième jour après l’Épiphanie
avec une très grande solennité, comme le rapporte avec enthousiasme Éthérie,
qui y participa entre 381 et 384. La fête n’a pas encore de nom, mais c’est
évidemment une fête du Seigneur. Quand elle parvint à Rome, on choisit le 2
février, quarante jours après la fête romaine de Noël et on lui garda son nom
grec (Ypapantè) c’est-à-dire, comme
le précise le Typicon de la Grande
Église de Constantinople, « la Rencontre de notre grand Dieu et Sauveur
Jésus Christ, lorsque le juste Syméon le reçut dans ses bras ». Fête du
Seigneur, mais où Marie a sa place, dans l’évangile, et dans les antiennes qui
accompagnaient la procession. Vers le milieu du viiie
siècle, en pays francs, on mit l’accent sur le début de l’évangile
(« Quand arriva le jour fixé pour la purification de Marie ») et la
fête prit le nom de Purification de Sainte Marie, appellation qui finit par l’emporter.
Et c’est en France que la fête retrouva son sens premier : le calendrier
de Paris de 1680 donne au 2 février un titre double : Présentation du
Seigneur et Purification de la bienheureuse Vierge Marie. Le calendrier romain
de 1969 a adopté le titre parisien, en ne retenant que sa première partie.
La fête du 25 mars est également une
fête du Seigneur, venue d’Orient à Rome dans la seconde moitié du viie siècle sous le titre d’Annonciation
du Seigneur (Adnuntiationis Domini).
Dès le siècle suivant, on trouve Adnuntiatio
Sanctae Mariae, mais le premier titre ne disparaît pas : le Missel du
Latran du xiiie siècle,
l’Ordinarium dominicain de la même
époque et même La Légende dorée de
Jacques de Voragine ont : Annuntiatio
Dominica. C’est le titre repris dans le calendrier parisien de 1680. Et c’est
le titre que restitue le calendrier romain de 1969 : il n’en reste pas
moins que Marie garde une place centrale dans le mystère de l’Incarnation en la
fête de l’Annonciation.
La fête de la Sainte Famille de
Jésus, Marie et Joseph, elle, est moderne, issue d’un courant dévotionnel qui a
pris son essor au xviie
siècle. Son aboutissement liturgique n’a pas été sans à-coup : c’est d’abord
le bienheureux François de Montmorency-Laval, premier évêque de Québec, qui
autorise puis étend la fête dans son diocèse en 1684 ; puis Léon XIII l’autorise
en 1893 pour ceux qui la demandent, saint Pie X la supprime, mais Benoît XV l’autorise
de nouveau et l’inscrit au calendrier romain en 1921. On a reproché à cette
fête d’utiliser la liturgie comme un simple moyen éducatif. Sa place sur le
calendrier était arbitraire : au Canada, c’était le troisième dimanche
après Pâques, Léon XIII la met au troisième dimanche après l’Épiphanie, Benoît
XV le dimanche dans l’octave de l’Épiphanie, le calendrier de Milan retient,
encore maintenant, le quatrième dimanche de janvier. Aucune date ne s’imposait.
Fallait-il maintenir cette fête ? Une messe votive aurait pu suffire. Le
calendrier romain de 1969 a choisi de la maintenir, mais en la fixant au
dimanche après Noël, ce qui paraît la date la mieux appropriée.
Trois des fêtes mariales proprement
dites sont des solennités : Sainte Marie, Mère de Dieu, l’Assomption et l’Immaculée
Conception.
Le calendrier romain de 1969
commence l’année par une fête mariale, Sainte Marie, Mère de Dieu, le 1er
janvier. Ce n’est pas une innovation, mais plutôt une résurrection. Car il s’agit
de la plus ancienne fête mariale de la liturgie romaine, la seule même au vie siècle et jusqu’au milieu
du siècle suivant. Elle fut alors remplacée dans les titres par une messe de l’octave
de Noël, doublée d’une autre messe destinée à détourner le peuple chrétien des
fêtes païennes du nouvel an (Prohibendum
ab idolis). Passée en pays francs, cette messe d’octave, dont l’évangile se
réduit à un verset (Lc 2, 21), prit le nom de Circoncision du Seigneur, et cela
jusqu’en 1960, où l’on revint au titre : Octave de la Nativité du
Seigneur. Dans la liturgie papale, plus conservatrice, le 1er
janvier, célébré à l’ancien Panthéon devenu en 609 Sainte-Marie-aux-Martyrs,
avait gardé le titre ancien et tout à fait exact : Natale Sanctae Mariae.
La restauration de la solennité du 1er
janvier rendait inutile son pâle reflet du 11 octobre, la Maternité de la
Vierge Marie, fête instituée par Pie XI en 1931 pour commémorer le quinzième
centenaire du concile d’Éphèse qui proclama solennellement la maternité divine
de Marie. Pourquoi le 11 octobre ? Le Concile d’Éphèse se tint du 22 juin
au 31 juillet 431. Mais Léon XIII ayant fait du mois d’octobre le mois du
Rosaire, on s’était occupé de « garnir » chaque dimanche de ce mois d’une
fête mariale : après le premier dimanche consacré au Rosaire, le deuxième
célébrait la Maternité de Marie, le troisième sa Pureté, le quatrième son
Patronage. La fête établie par Pie XI s’inscrivait dans cette perspective.
La solennité mariale du 1er
janvier a-t-elle bien pris racine ? Elle se trouve en occurrence avec le
premier jour de l’an, du moins dans les régions du monde où s’est implanté le
calendrier romain. Elle est en outre concurrencée par la journée mondiale de la
Paix, décidée par Paul VI en 1968. La congrégation pour le Culte divin ne s’est
pas fait faute de publier plusieurs années de rang un formulaire de messe pour
cette journée mondiale de la Paix. Comment les simples fidèles pourraient-ils s’y
retrouver ?
Dès le ve siècle, aux alentours du Concile d’Éphèse, on
célébrait le 15 août près de Jérusalem, au deuxième mille de Bethléem, Marie la
Théotokos. Vers la fin du siècle, la
célébration fut transférée à Gethsémani dans l’église du tombeau de Marie, et
on l’appela la Dormition de Marie. C’est le titre qu’elle connut à Rome avant
la fin du viie siècle,
et qui devint au siècle suivant l’Assomption. La fête est demeurée la fête
mariale par excellence, et si la procession voulue par le pape Serge n’existe
plus à Rome, une autre a pris le relais en France, la procession du vœu de
Louis XIII, qui, en 1638, consacra son royaume à Marie.
L’Immaculée Conception, le 8
décembre, est la troisième solennité mariale. La fête de la Conception de la
Vierge Marie, liée par sa date à la fête de la Nativité, provient aussi de l’Orient.
En Occident, elle apparaît d’abord, semble-t-il, en Angleterre vers le ixe siècle et son évolution
est liée au lent et difficile développement de la doctrine de l’Immaculée
Conception. Les Franciscains l’adoptèrent en 1263. C’est d’ailleurs un pape
franciscain, Sixte IV, qui l’inscrivit en 1476 au calendrier de la ville de
Rome. Inscrite au calendrier romain en 1566, la fête ne cessa de prendre de l’importance
et devint en 1855 celle de l’Immaculée Conception, au lendemain de la
proclamation dogmatique.
À côté des solennités, deux fêtes
sont retenues au calendrier de 1969, la Nativité de la Vierge Marie et la
Visitation. La plus ancienne est la Nativité. Elle est liée à un site
évangélique, la piscine probatique. La basilique construite à côté au ve siècle, était, selon la
tradition, sur l’emplacement de la maison d’Anne et de Joachim, et on la
désignait comme « Sainte Marie, où elle est née ». La date représente
sans doute l’anniversaire de la dédicace de la basilique (aujourd’hui basilique
Sainte-Anne). La fête se répandit dans tout l’Orient et pénétra à Rome avant la
fin du viie siècle, où
nous avons vu le pape Serge la doter d’une procession. Très populaire au Moyen
Âge, elle reçut même une octave en 1243, qui disparut devant une autre fête
mariale en 1913.
La fête de la Visitation est plus
tardive. Il faut même s’étonner que cette scène de l’évangile n’ait pas attiré
plus tôt une fête liturgique. L’initiative en revient à saint Bonaventure qui l’établit
en 1263 dans l’ordre franciscain, en la fixant au lendemain de l’octave de la
Nativité de saint Jean, le 2 juillet. Urbain VI décida en 1399 de l’étendre à
toute l’Église latine, mais ce fut son successeur Boniface IX qui promulgua son
décret. Le but était d’obtenir par l’intercession de Marie la fin du grand
schisme d’Occident, consommé en 1378. Il fallut cependant, à la fin de cette
période agitée, une confirmation de Nicolas V en 1451, pour que la fête
commence à se répandre : à Paris, elle se trouve placée en 1417 le 27
juin, soit pendant l’octave de la Nativité de saint Jean. Le calendrier romain
de 1969 fait un pas de plus, en fixant la fête de la Visitation le 31 mai, soit
entre l’Annonciation du Seigneur et la Nativité de saint Jean, conformément au
récit évangélique.
Les mémoires (quatre obligatoires,
quatre facultatives) sont davantage d’ordre dévotionnel, avec un lien moins
évident avec les mystères du Christ.
Dans l’ordre chronologique de leur
apparition, il faut mettre en tête la Présentation de la Vierge Marie, mémoire
du 21 novembre. Fête orientale au lendemain de la dédicace de
Sainte-Marie-la-Neuve à Jérusalem, près du Temple, le 20 novembre 543, elle
célèbre « l’Entrée de la Sainte Mère de Dieu au Temple », avec à l’appui
le Protévangile de Jacques et autres récits apocryphes[5]. Un
chevalier français, Philippe de Mézières, de retour de Chypre, s’en fit le
propagandiste en Occident au milieu du xive
siècle. À la demande du roi de France, Grégoire XI l’introduisit à la Cour d’Avignon
en 1372 et elle passa au Bréviaire romain en 1550. Saint Pie V la supprima en
1568 pour ses relents apocryphes, mais Sixte-Quint la rétablit en 1585. Aux xviie et xviiie siècles, l’École
française de spiritualité en fit la fête de rénovation des promesses cléricales
et des vœux de religion. Moins sévère que saint Pie V, Paul VI voulut la maintenir
en 1969 : « En dehors de son élément apocryphe, elle offre la vertu d’un
exemple remarquable et suit de vénérables traditions qui tiennent à cœur
surtout aux Orientaux[6].
Autre fête médiévale, celle de
Notre-Dame des Douleurs. La dévotion aux douleurs de Marie, sept pour retenir
un chiffre symbolique, née au xiie
siècle, entretenue par le Stabat Mater
de Jacopone de Todi, propagée par les Cisterciens, puis par les Servites de
Marie, connut un grand rayonnement en Occident au xive et surtout au xve siècle. Une fête des Douleurs de Marie
apparaît à Cologne en 1432, curieusement placée au temps pascal. C’était un
contre-coup dévotionnel des guerres hussites. De là, la fête se répandit
rapidement dans bien des diocèses, mais placée le vendredi après le dimanche de
la Passion : c’est la fête de la Compassion de Marie, ou plus populairement de
Notre-Dame de Pitié. Elle finit par être inscrite au calendrier romain en 1727
sous le titre des Sept Douleurs de la Vierge Marie. De leur côté, les Servites
avaient obtenu en 1667 une fête identique le dimanche après l’Exaltation de la
Croix. Au retour de son exil en France et en souvenir des malheurs de l’Église
depuis la Révolution de 1789, Pie VII inscrivit la fête en 1814 au calendrier
romain. En 1913, saint Pie X la fixa au 15 septembre. Cela faisait deux fêtes
identiques. Le calendrier de 1969 a conservé, comme mémoire, la fête du 15
septembre, en modifiant son titre : ce ne sont plus les sept douleurs de
Marie que l’on célèbre, mais Marie elle-même, pénétrée de douleur.
C’est encore la dévotion médiévale
qui est à l’origine de la mémoire de Notre-Dame du Rosaire. La prière du
Rosaire, qui remonte au moins au xiie
siècle, est devenue, grâce à l’ordre dominicain, la dévotion la plus populaire
de la chrétienté d’Occident et c’est toute la chrétienté qui s’unit au pape
dominicain saint Pie V pour obtenir de Marie, par la récitation du Rosaire, la
victoire de Lépante sur les Turcs, le 7 octobre 1571. La fête, établie en 1573
en action de grâce, dans les églises qui disposaient d’un autel du Rosaire, fut
étendue au calendrier romain en 1716 et célébrée le premier dimanche d’octobre.
Saint Pie X la fixa en 1913 au 7 octobre. Le calendrier de 1969 l’a conservée à
cette date, comme mémoire, en modifiant toutefois son titre : ce n’est pas
le Rosaire qui en est l’objet, mais la Vierge elle-même que l’on prie à travers
le Rosaire. La piété des chrétiens s’est attachée, depuis les temps anciens, à
s’adresser à Marie comme à une Reine (Salve,
Regina, Ave, Regina cœlorum, Regina cœli…), mais ce n’est qu’en 1954 que
Pie XII institua une fête de Marie Reine, en la fixant le 31 mai, en clôture du
mois de Marie, ce qui dénote son caractère dévotionnel. Les rédacteurs du
calendrier de 1969 ont préféré une autre date, l’octave de l’Assomption, le 22
août, qui relie plus clairement la royauté de la Vierge Marie au mystère de son
Assomption : elle permet de « contempler ainsi celle qui siège auprès
du Roi des siècles, qui brille comme une Reine, et qui intercède comme une Mère[7]. »
Restent enfin au calendrier de 1969
quatre mémoires facultatives. Dans Marialis
cultus, Paul VI a soin de les présenter discrètement : elles peuvent
être liées à des circonstances locales, mais largement répandues et objet de
nombreuses études (Notre-Dame de Lourdes, Dédicace de Sainte-Marie Majeure), ou
elles ont leur origine dans une famille religieuse particulière, mais ont pris
une telle diffusion qu’on peut dire qu’elles appartiennent à toute l’Église
(Notre-Dame du Mont Carmel), ou encore elles témoignent d’une inclination qui s’est
développée dans la piété de notre époque (le Cœur Immaculé de Marie).
La dédicace de Sainte-Marie Majeure
est la plus ancienne des quatre : le 5 août est l’anniversaire de la
dédicace de la basilique élevée à Rome au lendemain du Concile d’Éphèse et
consacrée par le pape Sixte III (432-440), comme l’indiquait l’inscription
aujourd’hui disparue : Virgo Maria,
tibi Sixtus nova templa dicavi. Mais cet anniversaire demeura purement
local (les calendriers du Latran et du Vatican l’ignorent au xiie siècle), jusqu’au xive siècle. C’est l’époque
où la légende se répandit d’une chute miraculeuse de neige en plein été pour
délimiter le plan de la future basilique, ce qui valut à la fête, inscrite au
calendrier romain par saint Pie V en 1568, le titre de Dédicace de
Sainte-Marie-aux-Neiges. Elle a retrouvé en 1969 son titre initial.
Le 16 juillet, la mémoire de
Notre-Dame du Mont Carmel fut d’abord, et longtemps, une fête d’ordre :
les Carmes l’instituèrent entre 1376 et 1386 en souvenir de l’approbation de
leurs constitutions par Honorius III en 1216. Le jour choisi rappelle celui où,
selon la tradition carmélitaine, le général de l’ordre, saint Simon Stock,
aurait bénéficié en 1251 d’une apparition de la Vierge Marie, qui lui aurait
remis le scapulaire. La dévotion au scapulaire se répandit dans diverses
régions d’Europe et, en 1726, Benoît XIII inscrivit la fête au calendrier
romain. Fête de dévotion et fête d’un ordre religieux, elle aurait pu être
réservée aux Carmes, comme celle de Notre-Dame de la Merci, le 24 septembre,
est maintenant réservée aux Mercédaires. En 1960, les deux avaient été réduites
à une simple commémoraison.
Le 11 février, la mémoire de
Notre-Dame de Lourdes rappelle la première apparition de « La Dame »
à Bernadette en 1858, avant qu’elle ne révèle son nom le 25 mars suivant :
« Je suis l’Immaculée Conception ». Devant l’afflux incessant et
international des pèlerins, devant le nombre des guérisons obtenues, saint Pie
X voulut faire un geste de bienveillance en instituant en 1907 une fête de l’Apparition
de la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée, que Léon XIII avait déjà accordée au
diocèse de Tarbes en 1890. Le titre pouvait laisser penser que l’Église
authentifiait une révélation privée. Il est devenu, plus sobrement, en
1969 : Notre-Dame de Lourdes[8]. Mais
fallait-il maintenir cette fête, même simplement comme mémoire
facultative ? Depuis Lourdes, d’autres lieux d’apparition sont désormais
mondialement connus : Fatima, Guadalupe… Maintenir Lourdes, c’était
inviter d’autres à se placer aussi sur le calendrier, ce qui n’a pas manqué.
Dernière venue sur le calendrier
romain, la mémoire du Cœur Immaculé de Marie. La dévotion au Cœur de Marie est
due à la piété ardente de saint Jean Eudes, qui publia en 1641 un « Office
du très Saint Cœur de la Mère de la belle dilection », qu’il fixa en 1646
au 30 octobre, en 1647 au 8 février. Au cours des siècles suivants, la plupart
des diocèses de France le suivirent, soit en ajoutant à la fête du Sacré Cœur
une mémoire au Cœur de Marie, soit en fêtant ensemble les deux Cœurs. Nourri de
cette dévotion, le pape Pie XII, le 8 décembre 1942, en pleine guerre mondiale,
consacra le genre humain au Cœur Immaculé de Marie et le 4 mai 1944 en institua
la fête, en la fixant au jour octave de l’Assomption. Dans la révision du
calendrier, elle est devenue une mémoire mobile, le lendemain de la fête du
Sacré Cœur, ce qui la ramène à ses sources. Elle aurait pu, tout aussi bien,
être supplée par une messe votive.
L’équilibre du calendrier romain rénové en 1969 était délicat et demeure précaire. C’est ainsi que la mémoire facultative du Cœur Immaculé de Marie est devenue obligatoire vers 1997. À la mémoire de Notre-Dame de Lourdes se sont ajoutées le 18 décembre 2001 celle de Notre-Dame de Fatima (le 13 mai), et celle du Saint Nom de Marie (le 12 septembre), le 28 septembre 2002, celle de Notre-Dame de Guadalupe (le 12 décembre). Enfin, l’édition de 2002 du Missel présente, le vendredi avant les Rameaux, une seconde collecte, qui rappelle celle des Sept Douleurs. Il faut noter encore que la troisième édition du Missel (2002) contient parmi les messes votives une messe du Saint Nom de Marie, encore différente de la mémoire du 12 septembre.
Les formulaires du Missel sont
présentés dans l’ordre du calendrier, quel que soit le degré de célébration,
puisque leur réfection provient des mêmes groupes de travail[9].
Le formulaire renouvelé en 1970 est
bien entendu centré sur la Vierge Marie, mais demeure quelque peu composite. S’il
s’ouvre sur le Salve, sancta Parens
de Sedulius († v. 450), la seconde antienne d’introït reprend celle de la messe
de l’aurore de Noël, ce qui est assez peu heureux : même avec un hodie le texte est au futur. L’antienne
de communion convient bien au début de l’année, avec le Christ au centre du
temps, mais la Vierge Marie n’y a pas de place. On aurait pu doubler cette
antienne par Beata viscera du Commun.
La collecte antique[10], qui
s’était maintenue à travers les changements de formulaire, est heureusement
conservée. De même la Super oblata11], moyennant une
mention du jour, et la postcommunion, qui s’inspire d’un texte du Sacramentaire
gélasien[12], évoque d’un mot, ce que
souhaitait Paul VI, la double maternité de Marie (mère du Christ et mère de l’Église),
comme le faisait déjà dans la secrète du 14 août le Missel parisien de
1738 : « quae et carne mater
Christi, et caritate mater nostra est… ».
La préface, dont la source se trouve
en supplément du sacramentaire grégorien[13],
magnifie la maternité divine de Marie : « gardant pour toujours la
gloire de sa virginité, elle a donné au monde la lumière éternelle, Jésus
Christ, notre Seigneur ».
Redevenue fête du Seigneur en 1969
comme à ses origines, la fête de la Présentation du Seigneur ne mentionnait la
Vierge Marie que dans la postcommunion[14],
assez incolore pour qu’on la retrouve aussi bien le samedi des Quatre-Temps d’Avent
que le dimanche in albis. À la suite
du Missel de Paris[15], la
postcommunion actuelle reprend celle du Sacramentaire grégorien[16], qui
parle du vieillard Siméon, non de la Mère de Jésus. La collecte est demeurée la
même qu’au Missel précédent et au Sacramentaire grégorien[17],
mais la Super oblata et la préface
sont nouvelles. Elles parlent bien de celui qui est présenté et qui s’offre,
mais il n’aurait pas été superflu de dire que c’est la mère qui présentait son
enfant[18].
Le formulaire complet de 1907 a cédé
la place à une seule collecte, reprise de l’ancienne postcommunion du 14 août.
Comme elle se trouve également dans un des formulaires du Commun, il aurait été
bon de pouvoir, comme auparavant, prier pour obtenir la santé de l’âme et du
corps (salutem mentis et corporis,
coll., corporis et animae sanitatem,
secrète), double demande de tous les pèlerins de Lourdes.
Comme le 2 février, l’Annonciation
est fête du Seigneur, mais indissociablement aussi fête de la Vierge Marie. Le
formulaire actuel concentre l’attention tour à tour sur le Christ et sur sa
Mère. L’introït[19] exprime l’acte d’obéissance
du Verbe à son Père, au moment d’entrer dans le monde[20]. Des
trois anciennes oraisons, seule subsiste la secrète[21], qui
devient postcommunion et que remplace une composition nouvelle. L’ancienne
collecte se retrouve dans le Commun, pour le temps de l’Avent. La nouvelle,
même composite puisqu’elle reprend en partie le début de l’ancienne[22] et y
ajoute deux textes de saint Léon, affirme avec la clarté vigoureuse de ce
docteur de l’Incarnation que Dieu, se faisant homme, a pris une chair véritable
dans le sein de Marie (Ep. 123, 2) et
rappelle au chrétien sa dignité, qui le fait participer à la nature divine (Serm. 21, 3). Le joyau de cette messe est
assurément la préface, qui s’inspire d’un texte mozarabe[23] :
le Christ « pour sauver les hommes devait naître parmi les hommes »
et Marie l’« accueille par la foi, lui qu’elle porte avec tendresse dans
sa chair ».
On sait que le comput antique
plaçait l’Annonciation non seulement à neuf mois de Noël, mais comme l’anniversaire
de la création, de l’incarnation et de la passion du Christ[24]. On
peut regretter de ne plus trouver l’écho de cette vieille computation et de
cette présentation unifiée de tout le mystère du Christ avec la disparition de
l’ancienne postcommunion – réservée maintenant au 7 octobre – qui évoquait d’un
seul tenant l’Incarnation et la Passion[25].
L’ancien formulaire se contentait de
reprendre celui du 8 septembre en remplaçant Nativité par Visitation. La messe
actuelle est plus directement appropriée à la fête. D’un bout à l’autre, elle
chante la joie de Marie, à travers l’introït, repris de l’ancienne messe de
vigile de l’Immaculée Conception (1863) et le Magnificat à la communion, soit Lc 1, 48-49 (texte latin), soit Lc 1, 46-47 (texte français, peut-être mieux
indiqué pour exprimer l’exultation de la louange de Marie). C’est le même écho
que l’on retrouve à la fin de la collecte, empruntée en partie au Missel de
Braga de 1924, et au début de la postcommunion, inspirée du Missel de Paris de
1738[26] :
le Magnificat est parfaitement
appliqué à l’Église au moment de la communion. C’est encore du Missel de Paris
que provient la Super oblata[27].
Le formulaire, pourtant récent
(1944), a été en partie renouvelé. L’introït précédent a été laissé de
côté : il était difficile de voir en Marie le trône de la grâce[28] :
on a préféré un verset de psaume[29] qui
exprime déjà la joie du Magnificat.
La collecte a été allégée : au lieu de répéter deux et même trois fois le
mot Cor, on demande maintenant de
devenir le Temple de la gloire de Dieu, de même que le Cœur de Marie a été une
demeure digne du Saint-Esprit. La Super
oblata demeure générale : elle est un arrangement d’une oraison du
Sacramentaire de Vérone pour une fête de martyr[30].
Après une antienne de communion[31] qui
évoque le cœur de Marie méditant les événements de l’enfance de Jésus, la
postcommunion, composée à partir de quelques textes anciens[32] et
de Jn 1, 16, demande d’avoir part, comme Marie, à la plénitude de la grâce de
Dieu.
Le formulaire précédent était
manifestement propre à un ordre religieux. L’actuel se réduit à une collecte
empruntée en partie à la messe gélasienne de la Nativité de Marie[33] ;
elle se termine par un emprunt à l’ancienne collecte de sainte Catherine[34],
mais le mont Sinaï est remplacé par le mont Carmel.
L’ancien missel romain se contentait
de renvoyer au Commun de la Vierge Marie, ce que fait aussi le Missel actuel, y
compris la collecte[35], qui
a l’avantage de nommer la Vierge Marie sous le titre Genetricis Filii [Dei], qui est l’équivalent latin du Theotokos acclamé à Éphèse en 431, soit
peu avant la dédicace de Sainte-Marie Majeure.
Le formulaire de la veille au soir
de l’Assomption remplace avec bonheur l’ancienne messe de vigile, où seule la
secrète faisait une allusion discrète à la fin de la vie terrestre de Marie (quam idcirco de praesenti saeculo
transtulisti). La messe actuelle est une messe festive, avec un formulaire
exprimant très explicitement l’assomption de Marie : l’introït combine
harmonieusement trois antiennes[36],
avec comme point de départ le Psaume 86, 3. D’emblée l’exaltation de la Vierge
Marie est associée au triomphe du Christ. La collecte, empruntée au Bréviaire
de Cluny de 1686, met en contraste l’humilité de Marie et son exaltation[37] et
souligne le lien entre l’assomption de Marie et sa maternité divine. La Super oblata est empruntée au Missel
ambrosien, qui lui-même l’a adaptée soit du Sacramentaire de Vérone[38],
soit du Sacramentaire gélasien qui l’appliquait à sainte Cécile[39].
Comme dans l’ancienne messe de vigile, l’antienne de communion fait écho à l’évangile[40] :
le mystère de ce jour est l’aboutissement de la maternité divine de Marie. La
postcommunion n’est autre que celle de l’ancienne messe du 15 août[41], où le
terme Assomption a remplacé le simple festa
dont se contentait le pape au viiie
siècle[42].
La messe du jour de l’Assomption
reprend celle qui fut composée à la suite de la proclamation du dogme en 1950,
et qui remplaçait un formulaire à vrai dire incolore : en dehors des
antiennes et, on vient de le voir, dans la postcommunion, rien ne parlait de l’Assomption,
sinon une expression où l’on pouvait entendre la mort de Marie (quam etsi pro conditione carnis migrasse
cognoscimus). Le formulaire actuel ajoute seulement à celui de 1950 l’ancien
introït, très populaire, Gaudeamus[43]. La
collecte exprime le mystère de l’Assomption dans les termes mêmes de la
définition dogmatique[44]. Aux
deux messes de l’Assomption s’ajoute désormais une préface propre :
composition nouvelle, qui a pu bénéficier de la Constitution Lumen gentium de Vatican II :
Si
la Mère de Jésus, déjà glorifiée au ciel en son corps et en son âme, est l’image
et le commencement de ce que sera l’Église en sa forme achevée, au siècle à
venir, eh bien ! sur la terre, jusqu’à l’avènement du jour du Seigneur,
elle brille, devant le peuple de Dieu en marche, comme un signe d’espérance
certaine et de consolation[45] .
On y retrouve aussi un écho de la
collecte du 1er janvier : per
quam meruimus auctorem vitae nostrae
suscipere, et, comme un lien entre la résurrection du Christ et la
glorification de sa Mère, une allusion au Psaume 15, 10, que saint Pierre, dans
les Actes 2, 27, applique au Christ. On pourra regretter la disparition, dans
la liturgie romaine, de l’oraison Veneranda[46], l’ancienne
collecte qui ouvrait la procession romaine du Forum à Sainte-Marie Majeure,
oraison conservée en France jusque vers 1880 et citée par Pie XII en 1950 dans
la bulle Munificentissimus. Il est
vrai qu’elle n’hésitait pas à parler de la mort de Marie : festivitas, in qua sancta Dei Genitrix
mortem subiit temporalem, souvenir du temps où le premier nom de la fête à
Rome avait été Dormitio.
Les rédacteurs du Missel de 1970
auraient pu aussi s’inspirer de la belle postcommunion du Missel de Paris de
1738 :
Deus,
glorificator humilium, qui beatam Mariam Virginem hodierna die super Angelos
extulisti ; da nobis coelesti pane in hac solemnitate nutritis, ut ejus
imitatione nosmetipsos in omnibus humiliantes, a te exaltari mereamur[47].
Composée quatre ans après celle du
15 août, la messe de 1954, placée le 31 mai, ne brillait pas par l’originalité.
Le formulaire actuel est moins disparate, même s’il fait appel à des pièces
éparses. L’introït est, en partie, celui de la messe parisienne de l’Assomption
Astitit Regina[48] :
d’emblée Marie est présentée comme la Reine assise à la droite de son Fils,
ainsi que le montre la mosaïque de l’abside de Sainte-Marie Majeure[49]. La
royauté de Marie est d’ordre maternel : la collecte le rappelle, empruntée
au Bréviaire ambrosien, de même que la Super
oblata, provenant, du même Missel. L’antienne de communion qui servait d’antienne
à Magnificat aux premières vêpres du
2 juillet, n’a pas de lien direct avec la royauté de Marie, et il en va de même
de la postcommunion, tant il est vrai que la dévotion n’arrive pas toujours à
trouver une expression liturgique adéquate.
L’ancien Missel romain avait
conservé les oraisons du sacramentaire grégorien[50],
assez incolores d’ailleurs pour pouvoir être réutilisées le 8 décembre comme le
2 juillet. La Nativité n’était évoquée d’un mot que dans la collecte et la
secrète ; la postcommunion ne parlait même pas de la Vierge Marie et
aurait pu servir pour n’importe quel saint.
Le formulaire actuel a conservé la
collecte et la secrète précédentes[51],
mais la postcommunion est nouvelle : inspirée de celle de Paris de 1738[52],
elle exprime l’exultation de l’Église devant la Nativité de Marie, « qui
fit lever sur le monde l’espérance et l’aurore du Salut[53]. »
Joie dont témoigne déjà l’introït, composé de deux parties d’antiennes de la
fête[54]. L’antienne
de communion, qui évoque la Vierge qui enfante, n’a qu’un rapport indirect avec
la fête de la Nativité[55].
Le formulaire adopté en 1814, celui
des Servites, se ressentait fortement de la piété doloriste de ses origines, et
d’une déficience liturgique sérieuse. L’introït avait, en guise de psaume, un
verset de l’évangile, et la mélodie ne valait pas mieux, mettant en relief non
pas la Mère de Jésus, mais Marie de Cléophas. La collecte, adressée au Christ,
reprenait en l’abrégeant la longue collecte de la fête parallèle du vendredi de
la Passion. On avait oublié ce qu’est un graduel, ou un trait. Un tel
formulaire avait besoin d’être profondément remanié.
Le formulaire actuel reprend comme
introït la prophétie du vieillard Siméon à Marie[56],
reliant ainsi l’annonce à la réalisation. La collecte part de la scène de Marie
au pied de la croix pour associer l’Église à la passion du Christ, appelée elle
aussi, comme Marie, à partager la gloire de la résurrection. La séquence Stabat Mater, une des rares compositions
de ce genre à entrer dans le Missel romain, était un chant populaire de
Jacopone de Todi au xiiie
siècle, qui n’a reçu sa facture de séquence qu’au xixe siècle par la grâce musicale d’un moine de
Solesmes. La Super oblata rappelle
que c’est au Calvaire que la maternité de Marie s’est étendue à tous les
membres du Corps du Christ, l’Église, qui allait naître de son côté ouvert. L’antienne
de communion[57] invite à la joie
« si nous avons part aux souffrances du Christ ». La postcommunion
emploie le mot « compassion » traditionnel pour évoquer cette fête,
pour rappeler qu’il nous « reste à souffrir des épreuves du Christ pour
son Corps qui est l’Église[58] ».
Dans l’ensemble, l’aspect doloriste a fait place à la dimension ecclésiale de
la souffrance, unie à la douleur de Marie.
La messe du Rosaire avait gardé les
oraisons datant de son inscription au Missel romain en 1716. Léon XIII avait
remplacé les autres textes par ceux du Missel dominicain. Le formulaire actuel
s’ouvre sur l’Ave Maria, ce qui est
tout naturel pour une fête axée sur la récitation du Rosaire. La postcommunion,
qui se trouvait à la fête de l’Annonciation jusqu’en 1970, est devenue ici la
collecte : cela peut se comprendre puisqu’elle relie les mystères joyeux
(l’Annonciation), douloureux (la Passion et la Croix), et glorieux (la
Résurrection), mystères qui étaient repris dans la secrète et qui sont
désormais évoqués globalement. Alors que l’antienne de communion[59]
reprend l’annonce de l’ange, la postcommunion, inspirée du Missel parisien de
1685 à la messe de la Vierge Marie aux samedis du Temps pascal[60],
évoque l’Eucharistie, annonce de la mort et de la résurrection du Christ, et
gage de notre propre résurrection si nous avons part, comme Marie, aux
souffrances du Christ.
L’ancienne collecte, seul texte
propre à cette fête depuis 1604, évoquait la présentation en ce jour de la
Vierge Marie au Temple, dernier écho des récits apocryphes qui avait valu à la
fête d’être supprimée par saint Pie V, alors que leur visée était de souligner
la virginité de Marie. La collecte actuelle, adoptée du Missel ambrosien,
laisse de côté cet aspect et se contente de demander d’avoir part à la
plénitude de grâce de Marie. Le texte français ajoute – et c’est heureux
– : « le bonheur de vivre dès maintenant en la présence de
Dieu », formule où l’on peut, si l’on veut, voir un lointain écho du
Protévangile.
La proclamation du dogme de l’Immaculée
Conception en 1854 provoqua un renouvellement complet du formulaire de la fête,
mais pas tout de suite. Pie IX avait chargé Mgr Pacifici de composer un nouvel
office. Celui-ci ne put s’y employer. Le pape nomma alors une commission, qui
travailla avec lenteur (nous sommes à Rome !). Le pape dut mettre fin aux
tergiversations de la commission et à d’incessantes corrections, et enfin en
1863, par un bref très énergique, imposait l’office et la messe composés par un
prêtre de la Mission, don Marchesi. Le Missel de 1970 n’y a presque rien
changé. L’introït est celui que le Missel de Paris de 1685 avait choisi pour la
fête de sainte Geneviève[61] :
dans le langage poétique du prophète[62], c’est
la joie de Marie qui s’exprime, comme elle le fera dans le Magnificat : Dieu l’a, en effet, enveloppée du manteau de l’innocence,
il l’a revêtue des vêtements du salut. La collecte est tout simplement la
reprise de celle composée au xve
siècle et d’une telle plénitude qu’elle fut reprise presque textuellement dans
la définition dogmatique de 1854. La Super
oblata établit un parallèle entre la préservation de Marie de tout péché et
la libération de toute faute pour les chrétiens. La postcommunion affirme de
nouveau la préservation singulière de Marie de la faute originelle, et demande
pour nous la guérison des blessures de cette faute. L’antienne de communion de
1863 a été modifiée de façon malencontreuse, me semble-t-il. Sa finale reprend
la finale de l’introït du 8 septembre : quia ex te ortus est sol justítiæ, Christus Deus noster, alors que
dans la finale de 1863 : quia fecit
tibi magna qui potens est[63], on
pouvait lire l’objet de la fête.
La messe actuelle est dotée d’une
préface propre. Texte nouveau, qui doit beaucoup à la Constitution de Vatican
II Lumen gentium :
Le
texte égrène d’autres termes qu’emploie la liturgie : gratia plena,
advocata nostra, Agnus redemit oves, Christus innocens…
Le formulaire introduit dans le
Missel en 1921, et déjà auparavant en 1893 dans la section « pro aliquibus locis », était marqué
par une déficience liturgique imputable à la fin du xixe siècle : la fête liturgique avait moins
pour objet de célébrer un mystère que de fournir un exemple, de montrer dans la
Sainte Famille de Nazareth le modèle de vie familiale pour les chrétiens. La
messe actuelle, rapprochée de Noël dans la date de la fête, a l’avantage de
montrer dès l’introït les trois personnages de la Nativité : Marie, Joseph
et l’enfant couché dans la crèche. Si les oraisons, même la collecte nouvelle,
ont gardé un aspect assez marqué d’exemple à suivre, l’antienne de communion a
soin de souligner l’aspect humano-divin de l’Incarnation.
Ressourcement dans les
formulaires ? Assurément. Progrès ? Oui, et qui ne date pas de l’après-Concile.
Qui pourrait regretter de ne plus célébrer par exemple l’Assomption avec des
oraisons qui n’en parlent pas, avec un évangile où Marie, Mère de Jésus, n’est
pas même nommée ? Et pourtant, le changement datait du pontificat de Pie
XII. Personne ne peut dire ce qu’il en aurait été s’il n’y avait pas eu, avec
le Concile, comme un coup de fouet pour faire aboutir rapidement une rénovation
réfléchie et attendue des messes mariales.
Les lectures bibliques du Missel
tridentin constituaient un ensemble assez pauvre. Si on y trouvait dans l’évangile
les divers épisodes où intervient la Mère de Jésus, la première lecture était
presque toujours prise dans les livres de Sagesse. Ainsi, le chapitre 24 de l’Ecclésiastique
revenait six fois, le chapitre 8 des Proverbes trois fois. À part un bref
passage de l’Apocalypse le 11 février, aucun autre texte du Nouveau Testament n’était
lu, en dehors de l’évangile. Des évangiles eux-mêmes, le récit de l’Annonciation
revenait cinq fois et autant l’acclamation de la femme anonyme[65].
Le lectionnaire du Missel, publié en
1969, marque un progrès indéniable souligné par Paul VI :
L’augmentation numérique [des lectures] s’est
accompagnée d’une critique sereine, puisqu’on a retenu seulement les lectures
qui, en raison de l’évidence de leur contenu ou des indications d’une exégèse
attentive, confirmée par les enseignements du Magistère ou par une solide Tradition,
peuvent être considérées, même d’une manière différente et selon des degrés
divers, comme ayant un caractère marial[66].
Les évangiles choisis sont tout d’abord
ceux qui ont trait à Marie : la généalogie en Matthieu, l’Annonciation, la
Visitation, la visite des bergers à la crèche, la circoncision, la présentation
de Jésus au Temple, la fuite en Égypte, Jésus perdu et retrouvé, les noces de
Cana, Marie au Calvaire…, mais aussi l’acclamation de la femme à l’adresse de
Marie : « Heureux le sein qui t’a porté ! ». On sera
peut-être surpris de voir le récit des noces de Cana[67]
rappelé pour Notre-Dame de Lourdes, mais ce fut le premier miracle de Jésus sur
l’intervention de sa mère et Lourdes est la cité des miracles. Par contre, nul
ne regrettera de ne plus trouver pour l’Assomption l’évangile de Marthe et
Marie[68].
L’Ancien Testament ne se résume plus
à quelques textes sapientiaux. Les rédacteurs du Lectionnaire ont su tenir
compte des indications de Lumen
gentium :
Les
livres de l’Ancien Testament décrivent l’histoire du Salut, où lentement se
prépare la venue du Christ dans le monde. Ces documents des premiers âges,
selon l’intelligence qu’en a l’Église à la lumière de la révélation parfaite
qui devait suivre, mettent peu à peu en une lumière toujours plus claire la
figure d’une femme : la Mère du Rédempteur[69].
Le livre de la Genèse apporte la première
annonce de la Rédemption[70] et
la promesse d’un descendant à Abraham[71]. Le
1er livre de Samuel rapporte le don qu’Anne fait à Dieu de son
enfant[72], prélude
de la présentation par Marie de Jésus au Temple. Le 1er livre des
Chroniques[73] montre dans le transfert
de l’Arche d’Alliance dans le Temple par le roi David une préfiguration de la
montée de Marie dans le Temple du ciel à son Assomption. Les prophètes sont
plus largement représentés. Ce sont les textes relatifs à l’Emmanuel :
Isaïe 7, 10-14 pour l’Annonciation, 9, 1-6 pour Marie Reine, Michée 5, 1-4 pour
la Nativité de Marie, Sophonie 3, 14-18 pour la Visitation et Zacharie 2, 14-17
pour Notre-Dame du Mont Carmel. C’est encore la joie messianique annoncée par
la dernière partie du Livre d’Isaïe que l’on retrouve pour Notre-Dame de
Lourdes[74] et
pour le Cœur Immaculé de Marie[75]. La
fête de la Présentation du Seigneur a gardé sa lecture prophétique traditionnelle[76], qui
ne parle pas de Marie, mais on est plus étonné d’avoir pour première lecture le
1er janvier avec Nombres 6, 22-27, la bénédiction d’Aaron, qui s’applique
au début de l’année et à la journée mondiale de la Paix, plutôt qu’à la
solennité de la Mère de Dieu. Il est surprenant que l’on ait gardé un texte de
sagesse, dans le livre des Proverbes (8, 22-31), précédemment au 8 décembre,
maintenant au 21 novembre, car ce n’est pas sans ambiguïté : si Marie a
été appelée siège de la Sagesse, c’est son fils, le Christ, qui est, et lui
seul, la Sagesse éternelle de Dieu. Il est moins surprenant de lire pour la
Sainte Famille l’exhortation à mener une vie familiale dans la ligne du
quatrième commandement[77].
Le Nouveau Testament, presque
inaudible à part les évangiles, a été mis fortement à contribution. Le passage
des Actes des Apôtres montrant Marie en prière[78] avec
les Apôtres est bienvenu pour Notre-Dame du Rosaire. Des lettres de saint Paul,
il faut citer en premier lieu Ga 4, 4-7, où l’Apôtre rappelle que le Fils de
Dieu est « né d’une femme ». Texte capital, qu’on lisait déjà à
Jérusalem au ve siècle
pour la fête de la Théotokos, et qui
est lu maintenant le 1er janvier et le 5 août. Deux passages de la 1ère
lettre aux Corinthiens sur la résurrection du Christ et la nôtre[79] sont
lus à l’Assomption, triomphe de la Mère, associée intimement à la victoire de
son fils sur la mort. De la lettre aux Romains[80], un
passage, lu pour la Nativité de Marie, rappelle que Jésus est « l’aîné d’une
multitude de frères » ; un autre passage invite à la joie et à la
pratique de l’hospitalité, pour la Visitation. On est heureux de lire pour l’Immaculée
Conception le texte de la lettre aux Éphésiens[81] sur
la bénédiction dont Dieu nous a comblés dans le Christ, et que Marie a reçue en
plénitude plus que toute autre créature. Ce sont des conseils pour une vie
familiale dans la paix et dans la joie que la lettre aux Colossiens[82]
rappelle aux parents et aux enfants, dans d’autres perspectives certes que
celles d’aujourd’hui. La lettre aux Hébreux[83], lue
pour Notre-Dame des Douleurs, introduit dans le mystère de la souffrance de
Jésus, qui fut « cause de salut éternel pour tous ceux qui lui
obéissent ». Un autre passage, lu pour la Sainte Famille, laisse
entrevoir, à travers le sacrifice de son fils Isaac demandé à Abraham, un autre
sacrifice, celui de Marie, qui devra offrir son Fils, « c’est pourquoi son
fils lui fut rendu ; et c’était prophétique ». La 1ère
lettre de saint Jean[84]
rappelle qu’il était réservé à Jésus, fils de Marie, de faire de nous des
enfants de Dieu, en devenant notre frère.
Enfin l’Apocalypse[85]
évoque pour l’Assomption le signe eschatologique de la Femme revêtue du soleil
et couronnée d’étoiles.
De la Genèse à l’Apocalypse, les
textes bibliques désormais ne manquent pas pour nous permettre de contempler la
place de la Vierge Marie dans le mystère du Salut de Dieu et, comme elle, de
retenir tous ces événements et les méditer dans notre cœur.
La
Bible, en proposant de manière admirable le dessein de Dieu pour le salut des hommes,
est tout entière imprégnée du mystère du Sauveur et contient également, de la
Genèse à l’Apocalypse, des références non équivoques à celle qui est Mère et
associée du Sauveur […]. Cette empreinte […] exige par-dessus tout que le culte
marial soit marqué par les grands thèmes du message chrétien : ainsi les
fidèles, vénérant celle qui est le Siège de la Sagesse, seront-ils eux-mêmes
illuminés par la lumière de la Parole divine et poussés à agir selon les
préceptes de la Sagesse éternelle[86].
Les
fêtes mariales actuelles, dans leur hiérarchisation, dans le contenu de leur
formulaire, dans leur choix de lectures bibliques, dans leur lien avec le cycle
annuel des mystères du Christ, présentent la confession de foi de l’Église dans
le mystère de Marie. « La réforme postconciliaire, reconnaît Paul VI, et
je ne saurais mieux dire que lui pour terminer, comme le souhaitait déjà le
mouvement liturgique, a considéré sous une perspective très juste la Vierge
dans le mystère du Christ et, en harmonie avec la Tradition, elle lui a reconnu
la place particulière qui lui convient dans le culte chrétien, en tant que Mère
de Dieu et associée du Rédempteur[87]. »
« Parcourant les textes du Missel restauré, nous voyons comment les grands
thèmes marials de l’euchologie romaine […] y ont été accueillis en parfaite
continuité doctrinale avec le passé, et aussi comment d’autres thèmes, nouveaux
en un certain sens, ont été introduits, en non moins parfaite correspondance
avec les développements théologiques de notre temps. Ainsi, par exemple, le
thème Marie-Église est entré dans les textes du Missel, avec une variété d’aspects
répondant à la variété des rapports qui existent entre la Mère du Christ et l’Église[88]. »
[1]
Concile Vatican
II, Constitution Sacrosanctum Concilium
sur la sainte liturgie, (ci-après SC), n°1.
[2] SC, n°s
102 - 103.
[3] SC, n°s
102, 104, 107, 111.
[4]
Voir
Liber pontificalis, édit. Duchesne, L., I, p. 376.
[5] Voir Évenou, J., « Des apocryphes à la
liturgie », Etudes mariales,
2004, p. 201-221.
[6] Paul VI, Exhortation apostolique Marialis Cultus, n° 8.
[7] Ibid., n° 6.
[8] B. M. V. de Lapurdo
[1969], de Lourdes [1970].
[9] Dans cette section,
on utilise les sigles suivants :
BR
1568 : Breviarium Romanum, ed.
princeps (1568), réimpression, Città del Vaticano, 1999.
GV : Sacramentaire gélasien
ancien : Liber sacramentorum Romanae
Ecclesiae ordinis anni circuli, ed. L.
Mohlberg, Roma, 1981.
H : Sacramentaire grégorien
(Hadrianum), éd. J. Décréaux, Le Sacramentaire de Marmoutier (…),
Città del Vaticano, 1985.
LMS : Liber Mozarabicus Sacramentorum, éd. M. Férotin, Paris, 1912, réimpressio Roma, 1985.
MP : Missale Parisiense, 1738, réimpression Roma, 1993.
MR 1570 : Missale Romanum, ed. princeps (1570), réimpression, Città del
Vaticano, 1998 ;
MR 1962 : Missale Romanum, editio typica 1962, réimpression, Città del
Vaticano, 2007.
Sp : Supplément au Sacramentaire
grégorien, éd. J. Décréaux, Le Sacramentaire de Marmoutier (…),
Città del Vaticano, 1985.
Ver :
Sacramentarium Veronense, ed. L. Mohlberg, Roma, 1955.
[10] H, 82 ; GV, 993.
[11] Ver, 1006.
[12] GV, 1262.
[13] Sp, 1652.
[14] H, 126.
[15] MP 2384.
[16] H, 127.
[17] H, 124.
[18] Il ne manquait pas d’exemples
dans les missels diocésains français, comme celui de Cahors de 1760 :
« Qui, Virgine matre legi humiliter obediente, voluit ipse, sancta et innocens hostia,
secundum legem tibi in Templo praesentari… »
[19] He 10, 5-7.
[20]
Le
missel ambrosien préfère mettre ce texte pour la fraction.
[21] H, 142.
[22] H, 140.
[23] LMS, 14.
[24] Voir Talley, Th. J., Les origines de l’année liturgique, Cerf, 1990, p. 107-113, surtout
cette citation d’un traité De
solsticiis : « Donc notre Seigneur fut conçu le huit des calendes
d’avril, au mois de mars, jour qui est celui de la Passion du Seigneur et de sa
Conception. Car c’est au même jour qu’il a été conçu et qu’il a souffert sa
Passion ». Le plus ancien calendrier liturgique de Paris vers 1380, porte
le 25 mars : Annunciatio Dominica,
duplum. Adam plasmatus, Christi [sic]
passus.
[25] Christi Filii tui
incarnationem cognovimus, per passionem eius et crucem ad resurrectionis
gloriam perducamur, H, 143.
[26] MP, 2883.
[27] MP, 2881.
[28] He 4, 16.
[29] Ps 32, 6.
[30] Ver, 1.
[31] Lc 2, 10.
[32] Comme Ver, 793.
[33] GV, 1016.
[34] MR, 1960, 5441.
[35] H, 662.
[36] Ant. de communion du
8 décembre, 5e ant. des laudes du 7 octobre, ant. du Magnificat des 2e vêpres du
15 août.
[37] Voir Lc 1, 48-52.
[38] Ver, 331.
[39] GV, 1060
[40] Voir Lc 11, 27.
[41] MR, 1570, n. 3107.
[42] H, 664.
[43] Encore que ce soit un
emprunt à la messe de sainte Agathe.
[44] Immaculatam Deiparam
semper Virginem Mariam, expleto terrestris vitae cursu, fuisse corpore et anima
ad caelestem gloriam assumptam ; coll. : immaculatam Virginem Mariam,
Filii tui Genetricem, corpore et anima ad caelestem gloriam assumpsisti. On remarquera que l’expression
expleto terrestris vitae cursu, volontairement ambivalente, n’apparaît pas dans
la collecte.
[45] Lumen Gentium, n°68.
[46] H, 661.
[47] MP, 3215.
[48] MP, 3205.
[49] Il aurait fallu
ajouter Deus, comme à Paris, pour
rendre compréhensible le a dextris tuis.
Le texte français le fait, en ajoutant une allusion à Lc 1, 48, mais en
édulcorant la somptuosité du Psaume 44.
[50] H, 681, 682,683.
[51] H, 681, 682.
[52] MP, 3375.
[53] On aurait aussi bien
pu adopter la belle collecte de Paris (MP, 3366), provenant elle-même du Bréviaire
de Cluny de 1686 : elle rappelait le dessein du salut universel de Dieu
(voir Ép 1, 5 et 2 Cor 5, 19) et la place unique qu’y occupe Marie. De même la
secrète (MP, 3373), montrant en Marie l’aurore naissante du salut, qu’opèrera
le soleil de justice, le Christ.
[54] 5e ant. de
Laudes et ant. de Magnificat.
[55] Le Missel de Paris
avait préféré l’antienne du 1er dimanche de l’Avent : « Le
Seigneur donnera son bienfait et notre terre donnera son fruit » (MP, 84,
13).
[56] Lc 2, 34-35.
[57] 1 P, 4-13.
[58] Voir Col 1, 24.
[59] Lc 1, 31
[60] MP, 4300.
[61] MP, 2175.
[62] Is 61, 10.
[63] Voir Lc 1, 49.
[64] Lumen Gentium, n°s 59 et 65.
[65] Lc 11, 27-28.
[66] Marialis Cultus,
n°12.
[67] Jn 8, 1-11.
[68] Lc 10, 38-42.
[69] Lumen Gentium, n°55.
[70] Gn 3, 9-15, 20.
[71] Gn 15, 1-21, 3.
[72] 1 S 1, 20-28.
[73] 1 Ch 15, 3-4, 15-16 ; 16, 1-2.
[74] Is 66, 10-14.
[75] Is 61, 9-11
[76] Malachie 3, 1-4.
[77] Si 3, 2-6 ;
12-14.
[78] Ac 1, 12-14.
[79] 1 Co 15, 54-57 et 15,
20-26.
[80] Rm 8, 28-30 et 12,
9-16.
[81] Ep 1, 3-6, 11-12.
[82] Col 3, 12-21.
[83] He 5, 7-8 et 11, 8,
11-12, 17-19.
[84] 1 Jn 3, 1-2, 21-24.
[85] Ap 11, 19 ; 12,
1-6, 10.
[86] Marialis Cultus,
n°30.
[87] Marialis Cultus,
n°15.
[88] Marialis Cultus, n°11.